Adria, Liam, Ian, Ethan et Emma constituent, dans ce même ordre, la fratrie la plus unie qu'il soit, malgré les quelques disputes que personne ne prend la peine de compter. La joie occupe la plus grande place dans le foyer familial, de même que l'amour fraternel, taquineries, et entraide. Avec eux, les fêtes, plutôt régulières, se traduisant par des danses, l'alcool, une certaine consommation de type illégale telles que celle de cannabis ou de cocaïne, sans oublier la musique qu'ils mettent en marche dans un volume sonore toujours plus haut. Il s'agit d'une forte fratrie qui ne se laissera jamais tomber puisque pour eux, il n'y a rien de plus fort que la famille. Pourtant, par le passé, cette fratrie connu notamment des événements traumatisants, qui, pour un temps, brisèrent leur notion de famille. Cependant, depuis qu'Adria pu prendre soin de tous, la fratrie avait pu commencer à vivre réellement, plus ou moins apaisée, sans avoir plus jamais à subir la violence.
Adria est une femme âgée de trente ans, et qui, malgré les apparance ou la façon dont on puisse juger n'importe lequel de ses actes, élève déjà quatre enfants ; trois garçons ainsi qu'une fille qui constituent, en fait, les membres de sa fratrie. Une mère partie tandis qu'Adria, l'ainée, n'était âgée que de neuf ans. Et pour cause ; un mari violent. A partir de quoi, la violence physique ainsi que psychologique vint se déporter à l'encontre d'Adria. Bien qu'en règle générale, il s'agissait davantage de délaissement ainsi que de désintérêt, lorsqu'un moment de colère plus ou moins justifié advenait, les coups partaient, et ce, sans aucune hésitation, sans aucun remord. Un géniteur absent, violent, et avant tout égoïste fut l'unique figure paternelle de ces cinq enfants. Puis Adria fit office de figure maternelle pour quatre d'entre eux. Elle a, de ce fait, su devenir rapidement autonome et a finit par prendre en charge l'éducation de chacun de ses frères et soeurs, mais également leur vie, qu'il s'agisse d'organisation ou encore d'injustice que pouvaient subir ces enfants ; peine de coeur, humiliation, et autre motif encore. Après avoir finalement obtenu la garde officielle de sa fratrie ; en devenant ainsi leur tutrice légale, elle parvint à devenir manager du petit restaurant dans lequel elle travaillait auparavant en tant que serveuse. S'agissant d'un établissement ouvert une grande partie de la journée et de la soirée, Adria su établir un emploi du temps qui puisse correspondre à ses engagements de soeur, de tutrice légale, de soeur. Enfin, malgré la totalité des épreuves qu'elle ait pu vivre, Adria refuse de se laisser tomber, de se laisser sombrer dans la mélancolie, la souffrance et le passé. Pourtant, Adria frôla plusieurs fois le désespoir de peu. Il s'agit d'une femme qu'on pourrait penser épanouie au premier regard bien que ce jugement ne soit pas totalement véridique.
La violence fit à nouveau apparition dans sa vie tandis qu'elle avait offert sa confiance à un homme, qui se montra non seulement violent, mais jaloux, possessif à tel point qu'Adria ne fut plus autorisée à voir sa propre famille pour un temps. Puis, un jour, tandis qu'elle demeurait pleine de désespoir, la peur la quitta, ou plutôt, la poussa à agir pour, finalement obtenir un minimum de justice contre l'homme qui la violentait. Et, surtout, elle rentra au domicile familial afin d'y retrouver sa fratrie. De ces coups, elle garda notamment une cicatrice à l'extrémité de la pommette droite, celle qui, à ce jour, persistait à être bien visible. Sa confiance envers les hommes s'est ainsi fortement altérée, cela dit, elle refuse de laisser ses séquelles et traumatismes psychologiques prendre le dessus bien que cela puisse tout de même lui arriver selon les circonstances. Car, si elle faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, Adria souffrait bel et bien de Stress Post Traumatique. Toutefois, Adria demeure une femme, qui aime s'amuser dans diverses situations et qui conserve notamment une vie sexuelle plus ou moins active. Cependant, ses aventures ne durent jamais bien longtemps puisqu'elle refuse tout simplement qu'elles durent davantage de temps, d'accorder à nouveau sa confiance à un homme tel qu'il soit. Et quand bien même il s'agit là d'effectuer une généralisation dont elle n'avait aucunement la volonté auparavant, il n'y a là finalement rien de bien surprenant quant à son état d'esprit. En effet, Adria s'était rendue compte, au fil du temps, qu'elle se montrait particulièrement soumise et vulnérable dès lors qu'elle se retrouvait dans une relation de type amoureuse avec un homme. Or, elle ne voulait plus jamais vivre dans la peur, dans l'emprise psychique, dans l'isolement et dans la honte de ne pas parvenir à agir, dans, finalement, la crainte de mourir.
Adria développa au fur et à mesure de son existence des Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC). Au départ, il ne s'agissait que d'un rituel de vérification, qui, finalement, n'avait pas une aussi grande place dans sa vie que ce qu'il en était désormais. Peu à peu, la vérification s'accompagna d'un rituel de rangement, lié au développement d'un caractère maniaque qu'Adria n'avait encore jamais démontré ; tout devait être à l'exacte place à laquelle elle rangeait quelque chose. Aussi, les rituels d'Adria commencèrent à empiéter sur sa vie professionnelle, ce fut notamment le moment où Adria se mit à se rendre compte d'à quel point elle se sentait limitée par ses TOC. Ce qui rendait la chose encore plus terrible à vivre, et plus fatigant, c'était bien la sensation que quelque chose de grave surviendrait à l'un des membres de sa fratrie si elle ne faisait pas tout cela. Plus récemment, une nouvelle évolution se manifesta chez Adria concernant sa maladie psychique ; la nouvelle cible de ses troubles était devenu le corps d'Adria. Il lui arrivait de s'enfermer durant des heures pour un rituel de lavement. Qu'il s'agisse de ses cheveux, ou encore de certaines zones bien spécifiques de son corps, Adria s'était mise à les frotter longuement et de façon énergique. Ce rituel était problématique, mais pas uniquement pour elle, puisqu'avec une seule salle de bain et quatre frères et soeurs, l'organisation était devenue bien plus complexe. D'autant plus que si on venait à vouloir arrêter Adria dans son rituel, que ce soit avant ou pendant, Adria se montrait bien souvent agressive, tout en répétant qu'elle n'avait pas le choix, qu'elle devait le faire, et, ainsi, qu'il fallait tout simplement attendre qu'elle finisse. Elle se sentait contaminée, non pas dans le domaine de la santé, mais elle se sentait envahie par des pensées, des images, et même des profils de personnes. De plus en plus, Adria devient consciente de ses troubles, or, dans un même temps, elle ne cesse de les minimiser. Ainsi, Adria se contente de rester dans le déni. Dans un sens, cela lui permet de ressentir une moins grande souffrance, une moindre détresse.
Adria avait mis du temps, des années avant de décider de ne plus cacher son corps et les quelques cicatrices qui demeurent avec le temps. Elle ne ressent plus de honte, bien qu'elle refuse en permanence d'en toucher un mot. Chaque membre de sa fratrie ne connait qu'un minimum d'éléments quant aux violences auxquelles Adria survécu, elle avait décidé de ne pas s'attarder sur une telle partie de son histoire, encore moins face aux enfants qu'elle avait finalement élevés. Elle s'estime chanceuse en apprenant avec effroi le nombre de femmes victimes de violences conjugales. Cela la rend furieuse, et ce qu'elle hait au plus haut point, c'est, sans l'ombre d'un doute, tous ces individus capables de tenir un discours tel que "choisissez mieux les hommes que vous fréquentez", ou encore "partez", "portez plainte". Comme si c'était si évident. Comme si ces femmes décidaient de rester pour leur propre plaisir. Comme si la peur n'existait pas. La peur de mourir, en l'occurrence. Comme si c'était à elles de repérer les comportements violens des hommes. Adria est fatiguée, épuisée de tous ces commentaires. Adria est tout simplement lasse de se sentir responsable, d'avoir honte. La honte devait changer de camp. Pour autant, Adria s'est terrée dans un mutisme à ce sujet. Seules ses manifestations d'anxiété témoignent de ce vécu traumatisant.
