Côme et Rose se sont rencontrés grâce aux membres de leur famille respectifs. Tous deux trouvaient l’autre attractif, et plus ils se parlaient, plus l’intérêt avait fini par se développer entre les deux. L’un était artiste, l’autre était décoratrice d’intérieur. Côme s’exerçait au théâtre, mais c’était dans un groupe de rock qu’il avait connu davantage de succès. Et tandis qu’il s’absentait toujours davantage, pour se produire sur scène, ou pour participer à des soirées ou évènements avec son nouvel entourage, Rose subissait la vie qu’elle avait toujours refusé d’avoir. Depuis toujours, Rose affirmait qu’elle ne se contenterait pas du minimum, d’attendre Côme pendant qu’il passerait des journées particulièrement stimulantes, d’attendre qu’il daigne lui prêter de l’attention. Tous deux se lassaient, l’un de l’autre. Leur mariage, qui pourtant avait eu l’air idéal, devenait au fur et à mesure un poids. Côme parvenait néanmoins toujours à rassurer Rose, à l’aide de belles paroles. L’attraction revenait de temps en temps, pour mieux les quitter les minutes suivantes. Rose le comprit finalement lorsqu’elle découvrit sa grossesse. Puis elle allait de découverte en découverte, en particulier quant à la question des adultères de Côme. Cette fois, ni les mots, ni les actes de Côme s’étaient montrés efficaces. Et quand bien même il n’allait pas toujours jusqu’à avoir des rapports charnels avec d’autres femmes, il aimait leur plaire. Il les séduisait, comme il l’avait séduite elle. Et surtout, Rose comprit que son époux ne pouvait pas s’améliorer ; car Côme n’aimerait jamais personne davantage qu’il ne s’aime lui-même.
Rose ne voulut plus rien entendre de Côme, trahie, profondément blessée et avec la sensation d’avoir gâché tant d’instant, des années de sa vie. Elle n’hésita pas à s’en aller. Elle avait perdu davantage qu’elle n’avait gagné quoi que ce soit en restant auprès de Côme. Elle s’en était rendue compte de façon tardive, néanmoins, il lui était impossible d’infliger à son enfant de se construire avec un tel père. Puis sa route croisa celle de Elise, qu’elle avait rencontrée lors d’une représentation théâtrale. Puis elles s’étaient revues. Rose avait pénétré chez un fleuriste et ne s’était rendue compte que quelques minutes plus tard que l’établissement appartenait, en fait, à Elise. En plaisantant, elles estimèrent qu’il s’agissait d’un signe, et qu’elles devraient se revoir à nouveau. Ce fut ce qu’il se passa, puis elles avaient continué ainsi, jusqu’à comprendre qu’elles étaient liées par quelque chose de fort. Selon Rose, cela n’avait rien à voir avec ce qu’elle avait avec Côme.
Elle eut toutefois quelque difficulté à admettre qu’elle était attirée, puis tombée amoureuse d’Elise, d’une femme. Elle craignait la façon dont réagirait sa famille, et à raison, puisque lorsqu’elle admit tout, qu’elle débuta au grand jour une relation de type amoureuse avec Elise, Rose dû s’éloigner de son entourage. Pour vivre, enfin, heureuse. Quant à l’enfant qu’elle attendait, Elise s’était toujours montrée d’un grand soutien, et lorsque Timaël fut âgé de deux ans, Elise s’était officiellement installée avec Rose et le garçon auquel elle s’était attachée et pour qui elle était présente. Il grandissait finalement avec deux figures maternelles, et ne s'était jamais soucié de ne pas avoir une famille qui correspondait à l'hétéronormalité. Timaël avait grandit auprès de deux femmes. Deux femmes qui s'aimaient, et deux femmes qui le chérissaient. Ensemble, Rose et Elise regardaient Timaël se développer, il faisait leur fierté et malgré les conflits familiaux que Rose craignait, elle se sentait enfin épanouie dans cette vie qu'elle vivait auprès de ses véritables êtres chers ; ceux pour qui elle serait capable de tout braver.
