

La vie de Sara n'avait jamais été particulièrement facile à vivre. La solitude l'avait souvent pesée, au point où, finalement, Sara fut par le passé, longtemps victime de dépression. Un père extrêmement peu présent pour elle, des addictions qui eurent finalement l'effet inverse de celui escompté, l'absence d'amis, causée par de grandes difficultés dans le simple fait de sociabiliser avec autrui, avait fini par la mener dans une vie terriblement monotone. Puis, lorsqu'enfin la vie commençait à se montrer plus complaisante envers Sara, il avait fallut que ce soit le Monde qui s'écroule. Lorsque le virus s'était installé dans le pénitencier dans lequel elle travaillait en temps que médecin, Sara cru sombrer dans la folie. Son esprit ne lui jouait aucun tour, non, c'était le Monde qui se jouait de tous. Un tel virus ne pouvait qu'exister essentiellement dans les fictions. Et pourtant, il était bien réel. Et ce qui percuta Sara d'autant plus, c'était bel et bien le fait que, comme dans ces mêmes fictions, aucun moyen d'interrompre la propagation du virus ne semblait exister. Sara, déjà âgée de 29 ans lors du commencement de cette fin du Monde, s'était mise à réellement prendre peur. Comment pourrait-elle survivre dans un tel Monde ? Et, quand bien même ses pensées furent précipitées, elles demeuraient toujours, cinq ans plus tard. A 34 ans, Sara ne voyait toujours aucune source d'espoir quant à l'avenir des êtres humains. Sa propre vie était à nouveau devenu chaotique, Sara se sentait, comme dans la grande majorité des années qui constituaient son existence, affreusement seule. Elle vivait malgré tout au sein d'un petit groupe, néanmoins, Sara était consciente que la raison pour laquelle elle y vivait était tout simplement parce qu'elle détenait des connaissances en médecine qu'ils n'avaient pas. Sara n'y était pas réellement appréciée, ni même en sécurité. Elle se sentirait bien rassurée si elle avait la possibilité de se retrouver dans une réelle communauté. D'autant plus qu'elle pourrait s'y sentir réellement utile, et ne se demanderait pas sans cesse si elle se réveillerait réellement après s'être endormie. De plus, elle serait apte à pratiquer son métier au quotidien, et n'aurait pas à craindre pour sa vie à chaque seconde qui s'écoulait. Elle savait désormais utiliser une arme, toutefois, Sara n'était décidément pas faite pour une telle vie. Elle ne savait pas se battre, et n'avait pas une endurance d'exception. Aussi, Sara était probablement bien trop bienveillante pour vivre dans de telles circonstances ; elle avait toujours la volonté d'aider tout le monde, peu lui importait d'où venait l'individu qu'elle aidait. Malgré tout, elle savait qu'elle ne pouvait pas accorder sa confiance à n'importe qui, elle était certes, soucieuse des autres, mais elle n'était pas non plus devenue naïve. Sara avait toujours été craintive et ne s'était jamais fiée rapidement à autrui. Alors, dans sa vie passée, ses connaissances n'avaient jamais évoluées en amitiées ; Sara était bien gentille, cependant, elle ne s'ouvrait pas aux autres, et cela lui avait valu diverses formes de jugements. De timide, elle passait à froide dans l'état d'esprit des personnes qu'elle cotoyait. Puis de froide à méprisante et hautaine. Pourtant, Sara était tout autre ; seulement, elle avait conservé depuis son enfance un grand manque de confiance en elle, ce qui engendra chez elle, une poussée d'anxiété à chaque fois qu'on venait à sa rencontre. Pour autant, elle ne manquait jamais de gentillesse pour qui que ce soit, pas même pour les détenus qu'elle fréquentait lors de sa vie passée. Elle ne portait que rarement des jugements entièrement hostiles envers quiconque, et estimait que tout le monde méritait une seconde chance.





Sara avait toujours été une femme dôté d'un sens maternel particulièrement présent. Elle adorait les enfants, et avait toujours eu la volonté de fonder une famille. Désormais, il s'agissait bien d'une chose bien plus difficile à désirer. Elever un enfant dans de telles circonstances semblait relever de l'impossible. D'autant plus que Sara ne savait pas réellement bien se protéger, alors un enfant était, pour elle, probablement ce qu'il pouvait y avoir de plus dangereux pour elle. Et ce, même s'il était évident que pour espérer prospérer, la race humaine devait probablement continuer à se reproduire. Mais pour cela, Sara en était persuadée, il était nécessaire de se trouver dans un espace de vie peuplé et extrêmement bien protégé. Sara faisait de son mieux pour mettre de côté tous ses désirs et ses regrets. Cependant, elle ne pouvait que regretter la façon dont le Monde avait changé. Regretter sa vie passée, malgré les longs moments de solitude pesants. Quant à ses désirs... Sara ne souhaitait pas plus que de se sentir utile et appréciée. Néanmoins, il fallait croire qu'être appréciée allait être une chose assez complexe dans un tel contexte. Toutefois, il semblerait que les peurs de Sara étaient bien plus présentes dans sa vie que ses espoirs et ses envies.


La première fois que Sara ôta la vie à un individu, c'était face à un clan ennemi, espérant pouvoir tirer son mari d'une situation qui s'annonçait être particulièrement délicate. Elle n'avait jamais tué qui que ce soit auparavant, après tout, elle restait médecin, et avait ainsi toujours la volonté de sauver et d'aider plutôt que de retirer la vie. Mais cette fois-ci, tout était différent. Il s'agissait de l'homme qu'elle avait épousé, celui qui avait rendu sa vie bien plus belle avant le début de l'épidémie. Et, malheureusement, ce fut en vain qu'elle tua. En effet, malgré son geste, Sara pu voir son époux se faire emmener. Quant au sort de ce dernier, il demeura inconnu pour Sara.


Cela faisait désormais 4 ans que Sara n'avait pas pu revoir Rob, néanmoins, elle ne pouvait pas, ne voulait pas se résoudre à le penser mort. Quelque chose en elle, avait l'intime conviction qu'il était en vie, qu'il avait réussit à s'en sortir. On ne la croyait pas, évidemment, on lui disait généralement, que s'il avait été pris par un clan ennemi, alors c'était fini pour lui. On prétendait qu'elle était naïve, mais finalement, peu lui importait. Elle gardait espoir. Après tout, l'espoir que Rob soit toujours vivant la maintenait en vie. Alors, elle continuait. Et ce, malgré tout ce qu'on lui disait.
