" Je me prénomme Oda. Oda est un nom choisi avec soin en hommage à Odin, père de tous les êtres, roi des dieux, dieu de la Guerre et de la Sagesse en particulier. Einar Thorvaldson, mon père, ayant été fait prisonnier en 830 dans le royaume du Wessex, tomba en amour avec ma mère, Saxonne. Dès 835, les Dieux avaient ainsi visiblement pardonné à Einar sa conversion -forcée- dans la religion chrétienne puisqu'ils bénirent l'union de mes géniteurs par la naissance d'un enfant, d'une petite fille. Tout deux ont préféré choisir de me nommer avec un prénom court afin de ne pas s'attirer davantage les foudres du peuple d'Angleterre. "
" Je menais toutefois une vie paisible ; en effet, bien que, nombreux furent ceux qui soupçonnaient la prédominance de la foi païenne dans notre demeure familiale, mon père s'avérait être un grand guerrier ; ainsi, finalement peu osaient penser à se mesurer à lui.
Ma mère était quant à elle guérisseuse et avait toute la confiance du roi, détail qui avait là une grande importance puisqu'il était parvenu à supprimer entièrement la volonté de la totalité des Saxons à vouloir décimer notre famille. Ce fut elle, Caitlin, femme d'Einar qui me fit part de toutes ses connaissances lorsqu'à mon tour, je m'exerçais en tant que guérisseuse. Toutefois, le caractère paisible de ma vie fut bouleversé lors d'une nuit à première vue banale, lorsque je passa d'une simple humaine à une sorcière. Une völva. "
ODA, LA VÖLVA
Royaume du Wessex, Angleterre, 855 :
Il s’agissait d’une soirée où calme et douceur régnaient sur la terre Saxonne. Oda rentrait de ce fait bien sereinement chez elle après un moment fort agréable à cueillir divers végétaux, là où elle retrouverait son amant, Leofric, dont elle portait l'enfant depuis désormais quelque six mois. Cependant, en passant le pas de la porte d'entrée, l’air apaisé, Oda fit une macabre découverte ; son futur époux avait succombé à la récente maladie qui l'avait atteint. Maladie dont Oda était persuadée d'être apte à éradiquer ; il ne s'agissait pas d'une pathologie qui exigeait une maîtrise complexe et totale de savoir faire guérisseur, mais plutôt de patience.
Effondrée, et rongée par la culpabilité de ne pas avoir su faire le constat de la réelle gravité de la maladie dont souffrait Leofric, Oda fut sous l'emprise d'un état de stupeur et de colère, se retrouvant dans l’incapacité de faire quoi que ce soit, impuissante même à laisser couler ses larmes le long de ses joues.
Lorsqu’elle parvint finalement à sortir hors de cette demeure à l’atmosphère bien trop oppressante, un torrent de larmes se manifesta, elle était non seulement secouée par des sanglots mais aussi par une période de transe, d'effroi qui avait envahit sa respiration désormais saccadée, alarmée. Seule, elle ne serait pas en mesure d’être confrontée à la réalité, celle-ci étant bien trop brutale pour qu’elle puisse en supporter le poids sur ses frêles épaules.
Désormais déterminée à rejoindre le domicile de ses géniteurs, Oda fut soudainement coupée dans sa traversée par une femme. Celle-ci portait un capuchon qui couvrait les traits de son visages, mais sa longue chevelure brune était tout de même partiellement visible. Elle articula quelques mots qu'Oda ne comprit pas, et, alors qu'elle s'approchait pour pouvoir mieux percevoir les dires de son interlocutrice, elle se retrouva à même le sol, inconsciente.
Oda se réveilla au bout d'une heure et demie, complètement perdue, et c'est en se redressant qu'elle fit la plus terrible trouvaille pour une future mère : son ventre était plat. Totalement plat. Il avait été privé de sa forme rebondie. Néanmoins, il n'y avait là aucune trace de fausse couche ; Oda n'avait pas perdu une seule goutte de sang. L'enfant avait subitement disparu.
A partir de là, les choses devinrent plus complexes à maîtriser pour Oda. Elle était désormais un danger lui fit comprendre sa génitrice. Elle était tel quel, et, à présent, elle courrait le risque d'être si crainte, que sa vie pourrait en périr. Alors elle se cacha. Et ne prit pas la peine de développer davantage ses nouvelles capacités, bien qu'elles pourraient se montrer bien plus utiles au service d'autrui, au service du Roi lui même, plutôt qu'éteintes. Aussi, elle avait dû prétendre à une fausse couche, après tout, elle avait subit la perte de son enfant ainsi.
Pourtant, dans l'éducation qu'elle suivit quant à la religion païenne, par les soins de son père lui-même, elle pu saisir déjà là, une grande divergence de mentalité et de croyances en ce qui concernait sa nouvelle nature, sa maîtrise neuve de compétences telles que la divination autrement dit le "galdr", la prophétie soit le "spá", et enfin, l'enchantement, le "seiðr" grâce à quoi existent notamment les malédictions. Il s'agissait là, d'une renaissance pour Oda, celle d'une sorcière, ou plutôt, comme le lui précisa Einar, celle d'une völva.
Scandinavie, 861 :
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Winchester, terre appartenant au royaume du Wessex, fût prise par les Danois. Les décès avaient été nombreux, et avaient inclu la mort de Caitlin, épouse d'Einar.Ne leur restant désormais plus rien de bon dans les terres Saxonnes, le guerrier, craint par les Saxons qui ne lui accordaient que méfiance, et sa fille unique devinrent traîtres du roi Alfred et prirent finalement la fuite en Scandinavie, terre natale d'Einar.
Ce dernier eût au bout de quelques années la permission de se battre en faveur du nouveau roi qu'il servait tandis qu'Oda voyait ses croyances s'étendre. Quant à la confiance qu'elle accordait à son nouveau peuple ; elle était telle qu'elle songeait à admettre, à devenir de façon officielle, une véritable völva.
Tituba, esprit malveillant qui hantait et tentait d'influencer le comportement des sorcières trop humaines et trop bonnes à son goût, finissait par se taire dans la tête d'Oda. Désormais loin des terres Saxonnes, elle ne menait plus le même combat. Cela libérait la guérisseuse, qui avait passé une bonne partie de sa vie tourmentée, à se battre, non pas physiquement mais intérieurement, car sa bataille était en réalité, mentale ; et, bien particulièrement, à lui résister à Elle. Tituba. Ce sera en 864, qu'Oda prendra la décision d'informer le roi quant à sa nature de völva, et, à partir de là, toute sa vie sera bouleversée.
Scandinavie, 877 :
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Ô Völva, dont la prestance grandit chaque jour et qui inspire à la fois crainte et admiration.Crainte notamment par les hommes et admirée particulièrement par les femmes bien que certains fassent office d'exception. Epouse d'un roi, Guttorm, non par choix mais plutôt par contrainte, d'un homme qui pensait naïvement pouvoir prendre le don qu'avaient accordé les Dieux dans un corps de femme tel qu'il ravissait les yeux. Cependant, ce même individu n'avait pas songé à la force mentale dont elle fut également dôtée ; lui-même finit par craindre les potentielles malédictions dont elle pouvait faire usage. Elle ne le faisait que rarement et n'utilisait son énergie que pour une unique malédiction à l'encontre de son propre époux. Elle était une Völva et exigeait à ce qu'elle obtienne le respect ainsi que la reconnaissance qu'elle méritait. Et si pour cela elle devait user de ses dons, elle n'hésiterait guère à prononcer ce que bon lui semblerait. Puisque c'était ainsi que fonctionnait le Monde selon elle ; la méritocratie ; autrement dit, tout le monde mérite ce qu'il lui arrive, ce qu'ont décidé les Dieux pour chacun des individus peuplant la Terre.
