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Les accusations ont longtemps épargné les classes supérieures et, quand elles ont fini par les atteindre à leur tour, les procès se sont rapidement éteints. Auparavant, les ennemis politiques de certains notables dénonçaient parfois comme sorcières les filles ou les épouses de ces derniers car c’était plus facile que de s’en prendre directement à eux ; mais, dans leur grande majorité, les victimes appartenaient aux classes populaires. Les fameux procès étaient loin d’être équitables. Elles se retrouvaient aux mains d’institutions entièrement masculines : interrogateurs, prêtres, pasteurs, tortionnaires, gardiens, juges, bourreaux. Ce fut ainsi dans une panique et une détresse totales qu’elles affrontaient cette épreuve, épreuve qu’elles passaient en outre, dans une solitude absolue. Les hommes de la famille prenaient rarement leur défense, quand ils ne se joignaient pas aux accusateurs… Pour certains, cette retenue s’expliquait par la peur puisque la majorité des hommes accusés de sorcellerie l’étaient en tant que proches des dites « sorcières ». D’autres usèrent de ces accusations pour en tirer profit afin de se débarrasser d’épouses ou d’amantes encombrantes ou encore pour empêcher la vengeance de celles qu’ils avaient séduites voire, violées. Certaines accusées étaient à la fois des magiciennes et des guérisseuses. Elles jetaient ou levaient des sorts, fournissaient des philtres et des potions, mais elles soignaient aussi les malades et les blessées, puis, aidaient les femmes à accoucher, mais également à avoir recours à l'avortement ou encore empêcher une éventuelle grossesse. Elles représentaient le seul recours vers lequel le peuple pouvait se tourner et elles ont toujours été des membres respectés de la communauté, jusqu’à ce qu’on assimile leurs activités à des agissements diaboliques. Plus largement cependant, toute tête féminine qui se faisait (trop) grandement percevoir, pouvait susciter des vocations de chasseurs de sorcières ; répondre à un voisin, parler haut, avoir un fort caractère ou une sexualité un peu trop libre, être une gêneuse d’une quelconque manière suffisait à les mettre en danger. Chaque comportement, et son contraire, pouvaient se retourner contre elles : il était suspect de manquer trop souvent la messe, mais il était suspect aussi de ne jamais la manquer, suspect de se réunir trop souvent avec des amies, mais aussi de mener une vie trop solitaire,… Avoir un corps de femme pouvait suffire à faire d’elles une suspecte. Après leur arrestation, les accusées étaient dénudées, rasées -jusqu’aux sourcils- et livrées à un « piqueur » qui recherchait minutieusement la marque du Diable, à la surface comme à l’intérieur du corps en y enfonçant des aiguilles. N’importe quelle tâche, cicatrice ou irrégularité pouvait faire office de preuve. Cette marque était censée restée insensible à la douleur, or, beaucoup de prisonnières furent si choquées par ce viol de leur pudeur -ce viol tout court- qu’elles s’évanouissaient à moitié et ne réagissaient ainsi pas aux piqûres. Quant aux tortures que subissaient les suspectes, la violence n’était pas moindre : le corps désarticulé par l’estrapade (cf : l'illustration se trouvant à droite), brûlées par des sièges en métal chauffés à blanc, les os des jambes brisés par des brodequins, … Les démonologues recommandaient de ne pas se laisser émouvoir par les larmes, attribuées à une ruse diabolique et forcément feintes…

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Les chasseurs de sorcières se montrent à la fois obsédés et effrayés par la sexualité féminine. Obsédés puisque suite au mariage, l’activité sexuelle était absolument encouragée, il n'était d’ailleurs pas impossible que des puritains soient punis pour chasteté. Quant à l’effroi, les interrogateurs demandaient inlassablement aux accusées « comment était le pénis du Diable ». Le Marteau des sorcières affirme qu’elles ont le pouvoir de faire disparaître les sexes masculins et qu’elles en conservent des collections entières dans des boites.

Les tortionnaires jouissaient de la domination totale qu’ils exerçaient sur les prisonnières ; ils pouvaient donner libre cours à leur voyeurisme et leur sadisme sexuel. S’y ajoutèrent les viols par les gardiens : lorsqu’une détenue était retrouvée étranglée dans son cachot, on prétendait que le Diable était venu reprendre sa servante. Par ailleurs, bon nombre de condamnées au moment de leur exécution n’étaient même plus en mesure de tenir debout.

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Pas de magie sans excitation,

Pas de magie sans sacrifice,

Prends ta dernière respiration,

Sois une coquille vide, défaite de malice

Et, par ta mort,

Mes mots s'imposent.

Unknown Track - Unknown Artist
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